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Les médias se sont emplis ces derniers temps des changements esthétiques auxquels ont été soumises les figures populaires, tout comme ils ont dénoncé les abus et les dérives juridiques dans la pratique de la chirurgie esthétique. Pour les observateurs du comportement humain, qui aiment philosopher sur notre existence, ce sujet apporte de vieux arômes que nous aimons retrouver, afin de nous orienter face à l’expansion du culte du corps et à l’exaltation de la matérialité. C’est comme une avalanche qui ne cesse de croître et qui, d’ailleurs, le fait avec la même intensité chez nos adolescents, avides de changer leurs seins, de retoucher leur nez ou, en bref, d’appliquer un photoshop corporel qui les maintient parfaits. Si les stars le font, pourquoi pas moi ? Pourquoi pas mon fils ou ma fille ? Pourquoi mon partenaire ne peut-il pas être du cinéma ? Trop de tentatives pour être ce que nous ne sommes pas sur un coup du scalpel.

Lorsque nous consacrons autant d’énergie au culte du corps, nous tombons dans la disproportion parce que nous abandonnons d’autres parties de nous-mêmes.
Il se peut que nous devions à nouveau lever les yeux vers le ciel pour demander de l’aide aux forces cosmiques face à une lutte aussi acharnée entre l’éthique et l’esthétique. Il va sans dire que cet article n’a pas pour objet de remettre en question, ni de juger, les réformes que nous jugeons nécessaires, que ce soit pour notre bien-être personnel ou pour l’avenir. Le débat ne porte pas sur la moralité de la question. Il est intéressant de réfléchir sur le sens esthétique de l’existence. Chaque changement influence la personne, mais la partie n’est pas le tout. Il doit être clair qu’il existe des maux que seule l’âme peut guérir.

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La beauté ne se regarde pas, c’est juste un regard

L’esthétique représente les plus hautes valeurs de notre monde. Ainsi, par excellence, elle le fait avec une beauté essentiellement liée à l’art. Il nous guide également vers le laid et le sublime, élevant nos âmes. Dans nos contextes quotidiens, cependant, le sens esthétique est lié à des critères cosmétiques de statut et de projection sociale, tout au plus, d’élégance personnelle. Nous continuons à associer des valeurs à notre esthétique, bien qu’elle soit maintenant analysée par les grandes sociétés de marketing. C’est comme ça.

Consultons Plotin, pour qui la beauté se trouve avant tout dans la vue et aussi dans l’oreille, par la composition des mots, et dans la musique, car il y a des chansons et des mélodies qui sont belles. Et si l’on va au-delà des sens, on trouvera de belles activités, actions, gestes, habitudes et connaissances, ainsi que la beauté qui émane des vertus. Pour Kant, il n’y a pas de science mais une critique du beau, cela dépend du sentiment du sujet et des critères communs, que nous appelons aujourd’hui la mode, le grand régulateur des choix.

Le beau est soumis à celui qu’il voit. Celui qui voit est lui-même et, en même temps, il sait qu’il est vu par les autres. Les critères seront différents selon le domaine auquel on prête attention. Si les pantalons conçus pour montrer le cul deviennent à la mode, beaucoup de gens les porteront, même si le pantalon et le cul sont les plus disgracieux. On suppose donc que celui qui regarde et est regardé n’est pas régi par une valeur esthétique, mais par les médias. Nous devons donc nous demander si nous choisissons en fonction de notre sens esthétique, qui personnalise, ou si nous suivons les critères homogènes qui sont à la mode, qui vulgarisent, quelle que soit leur beauté. Voulons-nous être nous-mêmes ou voulons-nous être comme les autres ?

Trop de culte du corps

« La beauté qui attire coïncide rarement avec la beauté qui tombe amoureuse » (José Ortega y Gasset)
Le mythe de la perfection basé sur le ciselage de la partie extérieure de notre identité persiste dans notre société. Quelque chose qui a toujours existé est devenu la toison d’or de la post-modernité, ainsi qu’un fantasme illusoire d’éternité : toujours jeune, beau, impérissable. Cependant, il faut observer, comme le disait Montaigne, que l’âme dans ses passions se trompe elle-même en érigeant un objet faux et fantastique. Une fausse beauté peut-être ?
Nos sages ont exprimé que ce qui produit la beauté est la proportion des parties entre elles et l’ensemble, ainsi que les colorants qui y sont ajoutés. La beauté repose alors sur des proportions et des mesures ajustées, c’est-à-dire que c’est le tout qui fait briller les parties et non l’inverse. Il y a deux bons indices : lorsque nous consacrons autant d’énergie au culte du corps, nous sommes hors de proportion, nous tombons dans la disproportion, parce que nous abandonnons d’autres parties de nous-mêmes. Et ce ne sera que ce tout, le tout que nous sommes, qui montrera la beauté ou non.

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Le deuxième indice indique qu’il ne servira à rien de s’obséder sur la transformation de cette partie de nous qui nous fait soi-disant mal pour pouvoir nous voir et nous considérer comme des personnes ayant leur propre beauté. Une amélioration est la bienvenue si elle respecte la proportion, sachant qu’elle n’améliorera pas plus ou moins ce que nous avons développé à l’intérieur. Et si tel est le cas, nous devons nous demander : suis-je prêt à faire face aux changements qui peuvent survenir dans ma vie ?

La vertu comme la beauté

« Toute vertu de l’âme est beauté, et une beauté plus vraie que pas d’autre » (Plotinus)
La beauté est autre chose que la proportion. La beauté acquiert une dimension lorsqu’elle est contemplée depuis l’âme, dans une perception qui transcende la vue et la forme. Face à ce qui est vraiment beau, invisiblement beau, nous nous sentons emportés, doucement secoués intérieurement, réveillant un acte contemplatif qui nous laisse sans voix. C’est ce que ressentent les amoureux, ce qui se passe avant un merveilleux coucher de soleil, avant un geste d’amour, à l’écoute d’une mélodie qui nous entoure. C’est une preuve. C’est sans aucun doute ce qu’elle est. C’est magnifique.

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L’usine Disney a transformé l’histoire populaire de La Belle et la Bête en un spectacle musical, proclamant que la vraie beauté se trouve en elle. Bien que certains aient voulu voir dans cette expression la seule alternative pour les perdants dans le jeu de l’amour, la vérité est qu’elle indique une grande vérité de notre existence. Ce qui se passe, c’est que cette beauté intérieure n’est accessible qu’à ceux qui savent voir sans voir. La contemplation de la beauté peut être une expérience statique, donnant un sens à la vie, nous rapprochant de la transcendance.
C’est pourquoi nous devons habituer l’âme à se chercher, d’abord les belles choses, puis les beaux travaux, faits par de belles personnes. Et tout comme l’artiste lime, polit et nettoie jusqu’à ce qu’il obtienne la beauté qu’il recherche, ainsi nous pouvons arracher ce qui reste, nettoyer l’obscurité jusqu’à ce qu’elle brille, jusqu’à ce qu’elle illumine la vertu embellissante. C’est peut-être de là que viendront les véritables changements et transformations personnels. Les réhabilitations esthétiques, si elles lancent un câble, sont meilleures. Nous allons nous sentir bien pendant un certain temps. Mais ce n’est pas l’essentiel.

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